Comme tous les matins, il faisait le tour du Castel de Nancy.
Et comme tous les matins, il allait dans les différentes ailes voir l'évolution du grand déménagement, en soupirant contre cette décision survenue si rapidement, comme un fruit trop mur tombé d'un coin de l'arbre de la sapience.
La Grande Oeuvre de l'Intendant de Lorraine s'endormait en cet hiver 1464 comme une vieille dame trop fatiguée par tant et tant de combats, de batailles et de fracas.
Ils n'étaient plus beaucoup icelieu, non. Quelques rares conseils municipaux, les derniers membres des glorieux FDL, et lui et ses services.
Après tout, le lourd trousseau de clefs qu'il avait récupérer après le départ massif de 1463 lui servait encore, pour veiller sur les augustes bâtiments.
Après tout, n'était il pas toujours, car jamais révoqué, le maître des cérémonies de la cour de Lorraine, nommé sous le premier mandat du duc Scapin ?
C'est pourquoi, entendant du bruit au corps de garde, il se rendit sur place, faisant claquer ses caligulae sur le sol verglacé de la cour du Castel.
Une jeune dame attendant là, "pour la diplomatie", lui déclara le vieux garde de faction.
Il dodelina de la tete à son propos, puis se tourna vers la jeune femme, ses bras serrés contre son corps dans les manches de sa robe de bure marron
Mademoiselle, bienvenue en l'Antique Castel de Nancy. Pour répondre à votre deuxième interrogation, les services actifs du duché ont déménagé hors de ce lieu historique depuis quatre mois maintenant. De ce fait, le panonceau reste vide, car vide de conseillers ducaux est ce château. La chancellerie subira bientôt le même sort.
Quand au reste, si vous voulez bien vous donnez la peine de me suivre...
Il écarte avec un pan de la robe son bras pour lui indiquer le chemin, et la précéda dans les entrailles du Castel...