Tandis qu'il suivait la CaC dans les couloirs du Castel, les recommandations faites par la Duchesse du Charolais lui trottaient dans la tête. En somme il s'agissait à peu de choses près d'un exercice diplomatique et il fallait bien admettre que la diplomatie n'était pas son fort. Objectif : passer entre les bourdes.
Ainsi se remémora-t-il les quelques conseils qui lui furent donnés juste avant le départ « N'oublie surtout pas mon chouchou, le chouchou c'était lui, de préciser que je suis fort navrée de ne pas avoir pu venir en personne. Mais baste notre pauvre amie comprendra, elle ne doit pas manquer de travail non plus. Bref ne fais aucune allusion aux déconvenues qu'il y a eu suite à l'affaire Thoros ; évite autant que faire ce peut de les traiter de rapiats, radins, grippes-sous, pisses vinaigres, ou tout autres adjectifs de cet acabit ; n'hésite pas à la saouler, le MontreCul est là pour ça, les meilleurs accords commerciaux étant ceux qui sont signés au moment où notre interlocuteur ne sait plus où placer sa virgule. »
C’est fort de ces quelques conseils qu’il prit donc place dans le bureau, la bouteille de MontreCul est tenu bien en évidence quand arrive le premier obstacle. Lequel des deux arrivera t-il à saouler l’autre en premier ? Le verre de Mirabelle proposé lui faisait de l’œil, la dame était maligne. Action, réaction.
« Pour le verre se sera volontiers, d’autant que ça va être là mon baptème de mirabelle. » Un sourire est esquissé alors qu‘il lui fait cette révélation. Première fois, et pour cause : le jeune homme buvait très rarement autre chose que du vin. Dans une région ou tous sont producteurs et où l’on peut faire de grands crus son lait quotidien, et ce sans dépenser un rond, à quoi bon aller lorgner dans le verre du voisin ? « Mais en échange, autant pour accompagner ses regrets de ne pas être venu en personne, que pour s'excuser auprès de vous, la Duchesse du Charolais m’a chargé de bien vouloir vous offrir cette bouteille de MontreCul. Il s’agit d’un grand vin burgonde produit sur ses terres, vivifiant et fort en bouche, nul doute qu’il saura éveiller vos papilles ! Ouvrez donc et vous verrez ! » Et tandis que l’explication se poursuit le présent est délicatement tendu.
On laisse donc le temps à la CaC de faire connaissance avec sa bouteille et ensuite quoi de mieux que de mettre franchement les pieds dans le plat pour lancer la discussion ? « La Duchesse du Charolais m’a dit que vous aviez du fer à nous proposer, je crois ? » Ou pas, il ne le croit pas, il le sait bien évidemment. Pas pour rien qu’il s’est tapé le trajet non plus, faut pas croire…