Kyroper soupire en entendant Louis Napoléon.J'ai pourtant dit: - Citation :
- Bien entendu, ma conception du vrai lorrain est totalement subjective.
Ma parole, ce que j'ai dit, ma position, elle vaut ce qu'elle vaut. C'est mon opinion. Elle n'est pas scientifique, ni corrélée par de belles statistiques à qui on fait tout et rien dire.
Mais par contre, vous savez ce qu'elle a de fort?
C'est justement que c'est mon ressenti. Sa force, c'est justement ca. Et je sais que je ne suis pas le seul à penser ainsi. Je vous le dit. Mais je m'en fou. Car voyez vous, quand je vous vois, et au cour de ce mandat là, j'ai compris une chose: désormais, l'avenir de la Lorraine se fera sans moi.
Vous avez peut etre raison, Charles. Peut etre que je suis une vieille peau, que je suis défraichi, et que je suis sénile.
Le fait est que je vous ai livré ma pensée.
Vous pouvez m'insulter, je m'en fiche. Au début du mandat, je répondais, je vous répondais à chaque fois, et avec ardeur je défendais mon propos. Aujourd'hui, non. Aujourd'hui, plus. Et en fait, ce n'est pas vos insultes qui auront eu raison de ma détermination et de ma vie en Lorraine. Vous n'y pouvez rien, à vrai dire. Mais je partirai, vous m'avez convaincu que c'est la meilleure des choses à faire. Et je vous assure que je ne vous ennuierai plus avec les considérations des vieux lorrains.
Finalement, comme Marjolaine, je vais vous laisser entre vous. Sauf que je ne suis pas énervé. Surement parce que.. j'ai compris que la destruction de notre patrimoine, au travers vos réformes bâclées était une chose contre laquelle on ne pourrait aller contre. Finalement, je crois que je suis résigné. Triste, c'est évident.
bazar, pourquoi le temps ne m'a t il pas emporté en meme temps que les Sybille, les Uriel, les Zahra, les Elisette, les Lavania, les Liz ... Vous avez même réussi à me faire regretter le temps des Gnaaz, des Majoie et de leurs coups d'Eclat.. Alors, quid de Demain la Lorraine? Ma seule certitude est que ce demain sera fait sans moi.
Si je vis dans le passé, je sais au moins que je ne suis pas le seul. Et nos petites traditions, c'est ce qui peut nous rappeler ce passé, ce qui peut nous montrer qu'on ne se l'est pas inventé, c'est les petits clins d’œil qui nous donne encore l'envie de se lever le matin pour continuer à travailler notre terre, l'héritage de tous ceux qui sont passés là avant nous et qu'on a aimé. Finalement, tous, on est passé par les mêmes choses, on a participé à la même coutume de donner au Duc le surnom, et ca nous rapproche malgré la mort.
Au final, qu'est ce que vous, vous pouvez y comprendre? Je ne peux pas comprendre vos envies de faire table rase du passé; et vous, ignorant du passé, vous ne pouvez pas prendre conscience de mon envie de le préserver, lui et ses coutumes, lui et ses traditions.
Alors oui, c'est avec une pointe de tristesse que je quitte cette salle, mes chers collègues. Et si je dois être honnête, une pointe de colère m'accompagne aussi. Il ne s'agit pas d'une colère dirigée contre vous, mais plutôt contre moi, qui aurai été incapable de préserver l'héritage fait par ceux qui nous ont précédé.
Je fais parti de ces lorrains qui aiment ce qu'était la Lorraine. Vous êtes peut être ceux qui aimeront ce qu'elle sera. Je vous le souhaite en tout cas.
Kyroper se leva, sans même toucher à la mirabelle. Il attendait la réponse de ses collègues, si jamais ils souhaitaient lui faire une réponse; et quitterait ensuite le lieu du débat.